Terril
Un terril est constitué par l'accumulation des « stériles », sous-produits de l'exploitation minière, composés principalement de schistes, et en plus petite quantité de grès carbonifères et de résidus divers (quelquefois pollués). Le terme se prononce terri et peut aussi s'écrire de cette façon. Toutefois, la prononciation terril est également répandue. Dans le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, 340 terrils ont été recensés dans les années 1970, à des fins d'exploitation.
Un terril peut être de forme conique, et constituer alors un signal fort dans le paysage, ou bien plat et s'y fondre complètement, surtout si la végétation s'y est installée. Le plus haut d'Europe se trouve à Loos-en-Gohelle dans l'ancien bassin minier du Pas-de-Calais, il est constitué d'un massif de cinq terrils, dont deux cônes qui culminent à 186 m, dépassant ainsi le plus haut sommet de la Flandre, le Mont Cassel.
Les terrils présentent souvent une grande richesse écologique, lorsqu'ils ne sont pas toxiques et stériles (A titre d'exemple, et pour ne citer que celui-ci, le terril d'antimoine d'Ouche (Cantal) est vierge de toute végétation malgré son âge de plusieurs décennies). Au fil du temps, ils ont été colonisés par toutes sortes de plantes et animaux, quelquefois étrangers à la région. Cette diversité découle en partie de l'exploitation minière. Par exemple, parce que les mineurs jetaient leurs trognons de pommes ou de poires dans les wagonnets de charbon, les terrils abritent aujourd'hui une centaine de variétés plus ou moins oubliées d'arbres fruitiers. Il y a aussi prolifération de l'oseille à feuilles d'écusson, dont les semences ont été apportées dans les rainures du bois de sapin utilisé dans les mines. De plus, par sa couleur sombre, la face sud d'un terril est significativement plus chaude que les environs, ce qui contribue à la diversité écologique du lieu.
Combustion souterraine
Les plus anciens terrils houillers peuvent encore contenir suffisamment de houille pour entrer en combustion lente (réaction d'oxydation), spontanément ou à la suite d'un incendie de surface. L'extinction de tels incendies nécessite généralement un décaissage complet, opération le plus souvent impossible à réaliser pour des raisons techniques et financières. L'arrosage est en effet inefficace et l'injection d'eau sous pression contre-productive du fait de l'oxygène apporté (il existe même un risque d'explosion).
Ce phénomène de combustion en profondeur (que se soit dans les crassiers ou dans les mines désaffectées) pose un gros problème écologique. En effet, qui dit combustion, dit émission de CO2. Or il est estimé que à l'échelle mondiale, entre 100 et 200 millions de tonnes de CO2 seraient ainsi libérées dans l'atmosphère, soit cinq fois ce qui est libéré au niveau français par les transports (tous transports confondus), ou encore 6 % du CO2 produit mondialement. Cependant, le faible impact de ces incendies sur l'environnement immédiat, la santé publique des riverains et le coût élevé d'une extinction conduit généralement à attendre leur extinction naturelle, ce qui peut nécessiter plusieurs décennies.
Glissements de terrain
Les terrils présentent un danger de glissement de terrain. La catastrophe d'Aberfan au Pays de Galles, survenue le vendredi 21 octobre 1966, en est un exemple. Elle a fait 144 victimes, dont 116 écoliers âgés de sept à dix ans et cinq instituteurs.
Le devenir des terrils
Marques imposantes et durables dans le paysage, les terrils sont un enjeu de taille dans l'aménagement urbain des villes qui les ont vu naître. Presque systématiquement, l'idée de les supprimer n'a même pas été discutée. L'opération est inutile et trop coûteuse d'une part, mais surtout cette idée heurte la sensibilité des habitants, attachés à cet élément de leur paysage. La question du devenir des terrils reste posée. Doivent-ils rester en l'état, en tant que témoignages de l'histoire minière ? Ou peuvent-ils connaître une reconversion ? Des réponses ont pu être apportées.
Loisirs, patrimoine et culture
Lorsqu'ils ne sont pas toxiques (comme les terrils de mines de plomb, d'argent, d'arsenic, d'antimoine et autres), les terrils qui n'ont pas été exploités sont généralement peu à peu reconvertis en espaces verts ou de loisirs et ouverts au public.
Ils présentent un intérêt pédagogique environnemental certain, notamment parce qu'ils abritent des écosystèmes particulier (en raison de la chaleur interne du terril et du fait qu'ils n'ont pas reçu d'engrais, ni de pesticides, et qu'ils n'ont jamais été cultivés). Ils peuvent à ce titre être inscrits dans une trame verte locale (Trame verte du bassin minier du Nord/Pas-de-Calais par exemple) ou régionale auxquelles ils apportent des habitats de substitution, voire une faune et une flore localement nouvelle.
L'ouverture des terrils au public peut être source de découverte, mais aussi de dégradation de leur environnement.
D'autre part des problèmes de sécurité peuvent se poser sur les fortes pentes (risques de glissades, d'effondrement ou de glissement de terrains). Très localement des risques peuvent être liés à la combustion du terril (jusqu'à 70 °C à 20 cm de profondeur) ou en raison d'émissions de gaz (grisou) ou de pollutions relictuelles,
Certains terrils sont utilisés pour diverses activités sportives ; à Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais), une piste de ski synthétique a été aménagée sur un ancien terril.
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