Bourdeau

La commune de Bourdeau est située au sud de la rive ouest du lac du Bourget, le territoire communal se répartissant en une partie sur le lac, l'autre sur le versant est du mont du Chat, jusqu'à son sommet. Du fait du lac, ses limites sont relativement rectilignes et sur une superficie totale est de 4,83 km2, le lac en représente un peu moins de la moitié.
En outre, le mont du Chat formant à son endroit d'abruptes falaises, la commune connait un dénivelé de plus de 1 200 mètres entre la rive du lac (230 m) et le point culminant du mont sur la commune (1 460 m). La commune a par ailleurs sur son territoire les sommets de la dent du Chat (1 389 m) et du Molard Noir (1 446 m).
Le chef-lieu de la commune se situe pour sa part en léger surplomb vis-à-vis du lac (la mairie se situant à environ 305 m

l'église Saint-Vincent

'église Saint-Vincent avec son chœur du xiiie et sa nef du xviie

Situé sur une terrasse au pied du Mont du Chat, sur la rive occidentale du lac du Bourget qu'il surplombe d'environ 80 mètres. Le château se trouve au-dessus de la crique de Bourdeau. Commandant la route qui empruntait l'ancienne voie romaine de Chambéry (Lemencum) à Yenne, le château de Bourdeau est un ancien château fort du xie siècle, remanié et restauré au xixe siècle. Privé, c'est l'un des plus anciens châteaux de Savoie, construit sur des ruines datant de l'époque romaine. Les seigneurs de Seyssel, marquis d'Aix, en sont les possesseurs jusqu'au xviie siècle. George Sand séjourna dans la bâtisse lors de la rédaction de son roman, Mademoiselle la Quintinie.

Le petit port de Bourdeau, en contrebas de la commune

le port datant de la fin du xixe, rénové, la grotte de Lamartine.
En effet, le célèbre poète a donné son nom à cette petite plage surplombée d'un rocher qui forme une petite grotte.

Alphonse de Lamartine a laissé une trace indélébile de son séjour au bord du Lac du Bourget. Il est alors âgé de 26 ans et vient en Savoie soigner des troubles hépatiques.

Il passe le mois d'octobre 1816 à Aix-les-Bains, où il rencontre Julie Charles, en convalescence pour tuberculose. Les deux jeunes gens se plaisent à flâner ensemble au bord du Lac du Bourget. L'été suivant, Julie, trop souffrante, ne peut rejoindre le poète devenu très amoureux, qui, désespéré, écrivit plusieurs poèmes, dont Le Lac, un de ses plus grands chefs-d'œuvre.

« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! »
En 1826, longtemps après le décès de son grand amour, Julie, il évoque dans Le Retour, une épître en vers à la gloire de Xavier de Maistre, cette terre de Savoie qu'il porte désormais dans son cœur et où le souvenir de celle qu'il a tant aimée rend éclatant le paysage :


Le lac.
« Où l'amour disparu dans l'ombre du trépas
Laisse partout pour moi l'empreinte de ses pas
Et colore à mes yeux vos flots et vos collines
Ou d'un deuil éternel, ou de splendeurs divines.
(Alphonse de Lamartine, "Le Retour".) »
S'adressant à Xavier de Maistre il dit encore :

« J'habitai plus que toi ces fortunés rivages,
J'adorai, j'aime encore ces monts coiffés d'orages,
Où la simplicité des âmes et des mœurs
Garde aux vieilles vertus l'asile de vos cœurs.
(Alphonse de Lamartine, "Le Retour".) »
Honoré de Balzac a donné une description romantique et précise du Lac du Bourget dans son roman la Peau de chagrin en 1831.

« Le Lac du Bourget est une vaste coupe de montagnes tout ébréchée où brille, à sept ou huit cents pieds au−dessus de la Méditerranée, une goutte d'eau bleue comme ne l'est aucune eau dans le monde. Vu du haut de la Dent−du−Chat, ce lac est là comme une turquoise égarée. Cette jolie goutte d'eau a neuf lieues de contour, et dans certains endroits près de cinq cents pieds de profondeur. Être là dans une barque au milieu de cette nappe par un beau ciel, n'entendre que le bruit des rames, ne voir à l'horizon que des montagnes nuageuses, admirer les neiges étincelantes de la Maurienne française, passer tour à tour des blocs de granit vêtus de velours par des fougères ou par des arbustes nains, à de riantes collines ; d'un côté le désert de l'autre une riche nature ; un pauvre assistant au dîner d'un riche ; ces harmonies et ces discordances composent un spectacle où tout est grand, où tout est petit. L'aspect des montagnes change les conditions de l'optique et de la perspective : un sapin de cent pieds vous semble un roseau, de larges vallées vous apparaissent étroites autant que des sentiers. Ce lac est le seul où l'on puisse faire une confidence de cœur à cœur. On y pense et on y aime. En aucun endroit vous ne rencontreriez une plus belle entente entre l'eau, le ciel, les montagnes et la terre. Il s'y trouve des baumes pour toutes les crises de la vie. Ce lieu garde le secret des douleurs, il les console les amoindrit, et jette dans l'amour je ne sais quoi de grave, de recueilli, qui rend la passion plus profonde, plus pure. Un baiser s'y agrandit. Mais c'est surtout le lac des souvenirs ; il les favorise en leur donnant la teinte de ses ondes, miroir où tout vient se réfléchir. Raphaël ne supportait son fardeau qu'au milieu de ce beau paysage, il y pouvait rester indolent, songeur, et sans désirs. Après la visite du docteur, il alla se promener et se fit débarquer à la pointe déserte d'une jolie colline sur laquelle est situé le village de Saint−Innocent. De cette espèce de promontoire, la vue embrasse les monts de Bugey, au pied desquels coule le Rhône, et le fond du lac ; mais de là Raphaël aimait à contempler, sur la rive opposée, l'abbaye mélancolique de Haute−Combe, sépulture des rois de Sardaigne prosternés devant les montagnes comme des pèlerins arrivés au terme de leur voyage. »
Alexandre Dumas père vint séjourner à Aix-les-Bains, en 1832. Il quitta durant cet été Paris où il faillit être victime du choléra. En quelques lignes, il écrira l'impression que lui firent les lacs de Savoie et tout particulièrement le Lac du Bourget.

« Dix minutes après, nous étions au lac du Bourget[...]C'est vraiment une merveille que les lacs de Savoie avec leurs eaux bleues et transparentes qui laissent voir le fond à quatre-vingts pieds de profondeur. Il faut être arrivé sur leurs bords, encore tout pollués des bains de notre Seine bourbeuse, pour se faire une idée de la volupté avec laquelle nous nous précipitâmes dans le lac du Bourget[...]J'errais cet été sur un chemin savoyard qui domine la rive droite du lac du Bourget, et le regard flottant sur cette masse d'eau miroitante et bleue d'un bleu unique pâle, enduit de lueurs glissantes par le soleil déclinant, je sentais en mon cœur remuer cette tendresse que j'ai depuis l'enfance pour la surface des lacs, des fleuves et de la mer23... »

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