Mouthe

Mouthe (prononcé [mut ]) est une commune française située dans le département du Doubs en région Franche-Comté. Elle est le chef-lieu du canton de Mouthe et de la Communauté de communes des Hauts du Doubs. Sa population s'élevait en 2009 à 970 habitants appelés les Meuthiards
Le hameau, d'abord appelé Muthua en 1077, Mutua en1197 et 1266 ou encore Mote en 1356, prend le nom de Mouthe dès 1485. Ce nom serait dérivé de l'adjectif mottue, qualifiant une terre "pourvue de tertres isolés, de buttes".

L'hôtel de ville de Mouthe, bâtiment surprenant construit après l'incendie de 1849 sur des plans de Pierre Marnotte, est inscrit à l'inventaire des monuments historiques en 1990.

Les plans de l'édifice sont établis en 1846 par l'architecte Bisontin Pierre Marnotte. Les plans initiaux prévoyaient que l'édifice abrite des écoles avec pensionnat, une infirmerie, une mairie et une justice de paix. Cette concentration de services est due à une loi de 1833 qui obligeait les communes, en plus de l'administration communale, à entretenir une école (souvent intégrée à la mairie) ainsi que la justice. Les travaux commencent après 1847 pour se terminer après 1850

Les façades et les toitures, la cage d'escalier et l'escalier, ainsi que l'ancienne salle de tribunal sont inscrites aux monuments historiques par arrêté du 21 juin 1990

L'édifice suit les codes architecturaux de la renaissance, plutôt que du néo-classicisme ou du néo-gothisme en vogue à l'époque de la construction3. De ce fait, la forme de la batisse est imposante, carrée, avec des toits en pavillons3. Le bâtiment est flanqué de quatre tours d'angle à clochetons pointus et frontons curvilignes3.

L'entrée est en plein cintre et la façade offre un balcon à balustres; L'escalier principal est inscrit dans un grand volume et permet de desservir toutes les salles de l'étage

Situé à 25 kilomètres à vol d'oiseau au sud-ouest de Pontarlier et à environ 5 kilomètres de la frontière franco-suisse, Mouthe est un village de moyenne montagne du massif du Jura faisant partie du Parc naturel régional du Haut-Jura. Il est particulièrement renommé pour détenir le record de la température la plus basse jamais enregistrée en France avec -36,7 °C relevés officiellement en 1967, puis -41 °C en 1985. Cette région particulièrement froide lui a valu le surnom de Petite Sibérie.

Le territoire communal est traversé par plusieurs cours d'eau dont le plus important est la rivière du Doubs, un des plus longs cours d'eau français (453,1 km), qui y prend sa source au pied de la forêt du Noirmont, à 944 mètres d'altitude ; à sa source, la température de l'eau est voisine de 7° C.

Mouthe a un climat de type Continental Dfb dans la classification de Köppen-GeigerNote 1. La commune est en réalité soumise a une double influence, océanique d'une part avec de fortes précipitations tant en quantité qu'en fréquence (avec un total annuel de précipitations proche de 1 700 mm), et continentale d'autre part avec des hivers rigoureux (fortes gelées, neige), mais des étés assez frais (très doux dans la journée, avec des nuits froides).

Les records de température maximale et minimale sur Mouthe sont respectivement de 36 °C le 1er juillet 1952 et -36,7 °C le 13 janvier 1968. La température moyenne annuelle est de 6,3 °C. Mouthe est reconnu comme le village le plus froid de France car plusieurs records de température (-36,7 °C en 1968, -35 °C en 1971 et -41 °C en 1985) y ont été relevés. Le record du 17 janvier 1985 n'est pas officialisé car certaines données semblent s'y opposer : le village suisse de La Brévine (situé à une trentaine de kilomètres de Mouthe) est connu pour ses records de froids à répétition. La Brévine connaît toujours des températures inférieures, mais ce ne fut pas le cas cette fois-là. Cependant, plusieurs lieux-dits à proximité de Mouthe atteignirent ce matin-là des températures inférieures à -39 °C et il est à signaler que certains thermomètres au mercure gelèrent (la température était donc inférieure à -38,8 °C).

Église de l'Assomption de Mouthe

L'église de l'Assomption de Mouthe est une église du XVIIIe siècle avec clocher à dôme à impériale, située à Mouthe dans le Haut-Doubs en Franche-Comté. Dédiée à l'assomption de Marie, elle est inscrite aux monuments historiques depuis le 16 avril 2009.

Le prieuré, présent au XIIe siècle se développa en paroisse1.

De la première église « quasi tout en bois », l'église primitive fut reconstruite à plusieurs reprises en 1400, 1479, 1639 et 1659.

L'église médiévale est rasée en 1732 et une nouvelle est construite à partir de l'année suivante sur les plans de l'architecte bisontin Jean-Pierre Galezot; L'église ne sera achevée qu'en 1742 suite à de nombreux problèmes rencontrés par l'entrepreneur1,3.

Le clocher de l'église a subi deux incendies en 1789 et 18331.

L'église de l'Assomption de Mouthe est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 16 avril 2009

L'église de l'Assomption possède un mobilier remarquable.

Parmi les plus notables :

Des stalles en bois taillé datant de 1553, classées comme patrimoine mobilier des monuments historiques depuis le 5 décembre 1908. Elles furent commandées par l'abbé Louis de Vers et proviennent de l'abbaye de Mont-Sainte-Marie. Elles sont ornées sur les côtés de vues d'intérieur en perspective ainsi que de fleurs stylisées

Le Grand orgue construit par Joseph & Claude-Ignace Callinet en 1838 dont la partie instrumentale est classée comme patrimoine mobilier des monuments historiques depuis le 2 août 1979. Restauré par Jean-François Muno en 1985, l'orgue est composé d'un clavier de 54 notes et d'un pédalier à 18 notes. Les boiseries sont ornées de formes végétales et d'instruments de musiques

L'ensemble du maître autel construit en 1751 comprenant le maître-autel, le tabernacle, les gradins d'autel, le retable, le tableau d'autel de L'Assomption et les deux statues de saint Pierre et de saint Paul. Cet ensemble est classé comme patrimoine mobilier des monuments historiques depuis le 24 juin 1975

La bouverie

il s'agit du plus ancien bâtiment profane répertorié sur la commune. Celui-ci daterait de la fin du XVIème siècle et aurait survécu aux destructions sucessives du village. Il est caractérisé par un toit à long pan et une façade en pierres de taille partiellement recouvertes d'enduit. Les religieux y mettaient leurs bestiaux.

Pierre des redevances

La pierre des redevances est un monolithe protégé des monuments historiques
La pierre est située au centre du village de Mouthe, à proximité de l'église de l'Assomption de Mouthe.
Au Moyen Âge, les sujets du seigneur local venaient y payer la dîme, due au prieuré de Mouthe

La pierre des redevances est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 20 novembre 1931

La Pierre des Redevances : elle a été inscrite en 1931 et reste très mystérieuse quant à son utilisation. Elle trône à quelques pas de l'église actuelle. Elle mesure 1m x 1m. Il est dit que les sujets de la seigneurerie venaient payer la dîme. Celle-ci était versée au prieuré de Mouthe et elle s'élevait à environ un dixième des produits tirés à la fois de la terre et de l'élevage. Cet impôt très lourd pour les paysans fut supprimé dans la nuit du 4 août 1789.

Simon de Vexin

C'est à la fin de l'année 1077 que Simon de Crépy, Comte de Vallois (1048-1101) retiré à l'Abbaye de Saint-Claude (Jura), trouva avec quelques compagnons un refuge que la tradition place dans les forêts du Haut-Jura, près de la Source du Doubs. Ils y construisirent quelques « cabanes ». Simon fit d'abord élever un Hermitage qui subsista et se transforma au XIIème siècle en un petit prieuré rural dépendant de l'abbaye de Saint-Oyen de Joux.

Simon DE VALOIS , dit ''Saint Simon''

Saint-Simon naquit vers l'année 1048 au château de Crépy-en-Valois d'une famille puissante, apparentée à Charlemagne et à Charles Martel. Sa mère, Adela, fille du Comte de Bar-sur Aube, mourut en 1053, et son père Raoul III, remarié peu après à Eléonore de Montdidier, ne tarda pas à divorcer pour épouser Anne de Russie, veuve de Henri Ier, Roi de France.

Dans ces circonstances, l'éducation du jeune Simon eut certainement été sacrifiée, sans le dévouement de sa tante Mathilde, épouse de Guillaume le Conquérant, qui le prit à la Cour de Normandie et fut pour lui une véritable mère. Pendant qu'elle formait son cœur à la piété, Guillaume l'initiait lui-même à la chevalerie, au métier des armes et à la science de la chasse. Simon avait un caractère heureux, une intelligence vive. Son esprit guerrier, son adresse corporelle, tout annonçait pour l'avenir un gentilhomme accompli. Simon savait être maître de lui, et à se vaincre, il se sentait un autre homme, ayant à cœur de devenir une première ébauche de saint.

LE RETOUR DE SIMON A CREPY

Simon revint à Crépy en 1067 mettre son intelligence et sa force au service de son père Raoul III. Celui-ci n'était plus le prince qui avait scandalisé le peuple par son divorce et son remariage : le regret du passé, la mort d'Eléonore, sa seconde femme, avait contribué à le réconcilier avec l'Église. Simon était toujours associé à ses bonnes œuvres : peu à peu se développait en lui l'amour de Dieu et des hommes.

LA GUERRE ENTRE SIMON ET LE ROI DE France ET SA VOCATION POUR DIEU

Mais le 22 février 1072 le Comte Raoul III mourait laissant à son fils Simon, âgé de 24 ans, la responsabilité de vastes domaines : le Comté de Crépy, celui de Vexin et d'Amiens, celui de Bar-sur-Aube, le titre de Gardien et Porte-Etendard de l'Oriflamme de Saint-Denis, une cour magnifique, en bref, de quoi faire tourner une tête moins bien équilibrée. Le Roi de France, Philippe, dévoré du désir de mettre la main sur ce riche héritage, et persuadé qu'il serait facile de venir à bout d'un jeune homme sans conseil et sans appui, tendit à Simon des embûches secrètes puis lui déclara une guerre ouverte : les campagnes et les villes furent livrées à une horrible dévastation.



Simon tint tête à ses ennemis pendant trois ans déclarant qu'il ne se retirerait point avant qu'on ne lui ait rendu ses propres domaines. Au milieu de cette guerre, Simon reçut une grâce qui le dégoûta à jamais des grandeurs de la terre. Le cadavre de Raoul III fût ramené de la ville de Montdidier à l'église de Saint-Arnoul de Crépy, lieu de sépulture ordinaire des comtes de Valois. En présence du corps de son père autrefois si puissant et si fier, Simon fut pénétré du néant des gloires humaines. Quoique fort occupé au dehors par les affaires de la guerre, il s'appliqua au dedans au maniement des armes du Seigneur et au combat spirituel. Il jeûnait, priait, visitait les églises, distribuait secrètement aux pauvres les mets recherchés qu'on préparait pour sa table. Simon songeait déjà à se retirer dans quelque monastère, lorsque, pendant une nuit de fièvre, Saint-Arnoul et Saint-Oyend lui apparurent et l'invitèrent à se retirer dans le Jura pour s'y consacrer au service de Dieu. Se réveillant aussitôt et ne se sentant plus malade, Simon se mit à crier d'une voix forte : « Je suis guéri, mais où sont donc les trois seigneurs qui étaient ici? Que sont-ils devenus? » Simon fut frappé par cette vision. La guerre qu'il faisait, lui apparut non plus dans son principe qui était juste mais dans ses conséquences lamentables pour de trop nombreuses victimes.

Il partit pour Rome afin de consulter le Pape. Grégoire VII lui conseilla la conciliation et de gouverner fidèlement ses États jusqu'à la conclusion de la paix avec le Roi de France. Il délégua même Hugues, Évêque de Die en Dauphiné, et Hugues, Abbé de Cluny pour servir de mandataires au jeune Comte et arranger le différent au mieux des intérêts de chacun, vers 1074.

Mais le Roi de France demeura intraitable, et la guerre reprit de plus belle jusqu'en 1075, époque à laquelle sur de nouvelles instances des Évêques et des grands du Royaume, la paix fut enfin signée, rendant à Simon tous ses biens, et faisant de lui, après le Roi, le plus riche et le plus puissant seigneur de France.

Mais l'idée de se consacrer à Dieu prenait de plus en plus corps dans l'esprit de Simon. Dès 1075, il fondait dans la vallée de l'Aube dix ou douze prieurés qu'il concédait à Saint-Oyend de Joux.

LES PROJETS DE MARIAGE

Ignorants de son désir, les parents de Simon lui proposèrent d'épouser la fille d'Hildebert, Comte de la Marche d'Auvergne. Simon partit pour l'Auvergne, mais dans ses entretiens avec la jeune fille, il parla plus de l'amour de Dieu que de l'amour humain, et la jeune fille se retira dans un couvent près de la Chaise-Dieu. Hildebert fut peiné et surpris et se confondit en excuses auprès de Simon, qui expliqua au père le comportement de sa fille : « Cessez de vous attrister, votre fille a suivi celui qu'elle a aimé plus que tout autre ; elle s'est réfugiée dans un cloître pour se consacrer à Jésus. »



L'oncle de Simon, Guillaume Le Conquérant rêvait de l'avoir pour gendre, pour fils adoptif et pour héritier, de préférence à tout autre. Simon objecta la parenté qui l'unissait à Mathilde, femme de Guillaume, et demanda pour trancher les difficultés de recourir au Pape. Guillaume y consentit, et Simon se mit en route pour Rome avec quelques compagnons en 1077. Rome n'était que le prétexte de son départ ; le Saint-Oyend de la vision devait être le terme du voyage.



SEJOUR AU MONASTERE DE SAINT-OYEND



Annoncé par deux gentilshommes : Raoul et Francon, accompagné de ses amis Robert, Arnoul et Garnier, décidés comme lui à embrasser la vie religieuse, Simon se présenta à Odon, Abbé du Monastère jurassien en 1077, et fut accueilli avec enthousiasme : l'égal du Roi ensevelissait ses titres et dignités sous la robe de moine ... Quel exemple pour tous ceux qui l'auraient comme compagnon !

Simon se donna tout entier à sa vocation, pratiquant l'obéissance et l'humilité, et Dieu le combla de grâces extraordinaires. L'Abbé Odon songea alors à donner à Simon une place d'honneur au Chapitre. Le jeune moine obéit, mais reprit bientôt sa première place, humble et oublié dans la Communauté des Moines. Mais le séjour de Simon au Monastère de Saint-Oyend ne fut que de courte durée. Gêné par l'affluence continuelle des visiteurs et par les honneurs dont il était l'objet, il rêvait de solitude plus complète pour pratiquer la règle dans son intégrité. Il alla trouver l'Abbé et obtint la permission de partir.



CREATION D'UN MONASTERE A MOUTHE

Avec quelques compagnons au courage et à la foi robuste, Simon s'enfonça dans les hautes montagnes du Jura (début 1078) et arriva après plusieurs journées de marche à la Source du Doubs, traversa la rivière et rencontra une éminence, ou Motte, entourée d'eau qui faisait de ce lieu un endroit favorable à l'habitation. Simon et ses compagnons se bâtirent un pauvre monastère avec les sapins abattus, défrichèrent, semèrent, mais surtout vécurent dans le jeûne et la prière. L'oratoire tout proche fut dédié par Simon à l'Assomption de Marie. Dans cette maison au milieu des champs, les moines vivent pauvrement et durement, faisant l'aumône, soignant, guérissant... Le renom de Simon s'étendait et lui attirait des visiteurs. Il n'était pas non plus oublié dans le monde, et un message de Hugues de Cluny, son ancien conseiller, l'amena à quitter momentanément Mouthe pour aller trouver le Roi de France et lui demander de restituer au Monastère de Cluny les terres que Simon avait données et que le Roi avaient usurpées. Arrivé à Compiègne, Simon fut vite reconnu, entouré, acclamé et porté en triomphe au Palais du roi Philippe Ier qui ne put que souscrire à toutes les revendications qui lui étaient adressées. Le lendemain même, Simon gagna la Normandie pour s'interposer entre Guillaume le Conquérant et son fils Robert qui se battaient l'un contre l'autre. Il y réussit parfaitement et revient à Mouthe où il resta deux ans environ, jusqu'à ce que le Pape Grégoire VII l'appelle à Rome.



Le Pape était en guerre avec Robert Guiscard et les Normands, et avait besoin du secours de Simon qui ne partit que par obéissance. L'accueil réservé à Rome à Simon et à ses compagnons fut très aimable. Malheureusement, la malaria emporta la plupart des compagnons de Simon, sauf un seul... Le saint moine amena le prince Robert Guiscard à conclure la paix avec le Pape vers 1080. Simon, sa mission accomplie, ne demandait qu'a rentrer à Mouthe, mais Grégoire VII voulut le garder à Rome. Simon tomba malade. Le Pape vint le visiter et le confesser, et le 30 septembre 1080, le saint mourait. Grégoire VII voulut que Simon soit inhumé dans la basilique Saint-Pierre de Rome. Sa tante Mathilde lui fit élever un magnifique tombeau et le Cardinal Odon de Châlons-sur-Marne devenu le Pape Urbain II lui composa l'épitaphe suivante : « Simon est mon nom ; mes ancêtres étaient de race illustre. Parmi les grands de France, j'ai joué un rôle important. Par amour de la pauvreté, j'ai quitté mon pays et le monde, préférant le Christ à toutes les richesses. Puis à la Cour Apostolique du Chef des Chrétiens, je suis venu, poussé par un amour intense d'un tel père. A sa suite, puis-je mériter enfin d'être porté aux cieux, moi dont la dépouille est ici conservée devant les portes sacrées du temple. »

La mort de Simon fut désolation pour Mouthe, privé de son fondateur. Son œuvre fut pourtant continuée par Robert, le seul de ses compagnons épargné par la maladie à Rome. Le corps du religieux ne demeura pas longtemps à Rome. Sa sœur Adala, Comtesse de Vermandois, en demanda le transfert à l'Abbaye de Saint-Oyend. Une relique de Saint-Simon de Crepy est conservée dans l'église de Mouthe dans un reliquaire en forme de bras.

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