Château de Chantemerle

Le château de Chantemerle ou château de La Bathie, dit également château de Saint-Didier, est un ancien château fort, du xiie siècle, centre de la châtellenie archiépiscopale de La Bâthie, résidence d'été des archevêques de Tarentaise, dont les ruines se dressent sur la commune de La Bâthie dans le département de Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Les ruines du château de Chantemerle sont situées dans le département français de Savoie sur la commune de La Bâthie, au nord, à l'extrémité d'une crête rocheuse, dominant le hameau de Chantemerle et la vallée de l'Isère.
La position stratégique du château permettait d'observer la partie basse de la vallée de l'Isère, s'étendant entre Tours-en-Savoie, en aval, et la Roche-Cevins, en amont, et contrôlant ainsi l'accès à la Tarentaise.

L'ensemble des bâtiments date de la fin du xiie siècle et du début xiiie siècle. Le château a été tant une forteresse qu'une résidence de plaisance pour les archevêques-comtes2.
Le château de Chantemerle se présente sous la forme d'une enceinte polygonale irrégulière que commande une tour maîtresse cylindrique à archères du xiiie siècle, et d'une tour carrée du xive siècle11 située un peu en contrebas.
Le donjon circulaire de 8,50 mètres de diamètre, construit côté aval, est haut de 22 mètres. Le mur en petit appareil irrégulier est constitué de moellons noyé de mortier et a une épaisseur de 2,65 mètres à sa base. Il est divisé en cinq niveaux planchéiés. Le dernier est le seul à être éclairé, les autres sont percés d'archères à niche. À son sommet une plate-forme, que supporte une voûte, est garnie d'un parapet crénelé. On accède au donjon par une porte située à 9 mètres de hauteur, percée au premier étage et donnant sur la cour. Cette porte était protégée de l'extérieur par un volet en bois se mouvant sur deux tourillons posés sur des corbeaux placés au-dessus de la baie.
Un peu en contrebas, se dresse une tour flanquante, de plan carrée, placée en avant et rattachée au château par un angle. Habitable, faite du même matériau que le donjon, mesurant 8,50 mètres de côté, elle est divisée comme ce dernier en cinq niveaux planchéiés, éclairés par des fenêtres rectangulaires. Fortement talutée à sa base, ses murs sont hauts de 22,80 mètres et ont 1,55 mètre d'épaisseur.
Différents logis appuyés aux rempart, sont disposés autour de la cour, parmi eux, l'un devait recevoir le greffe, le prétoire, le logement du châtelain et de ses gens, et une tour-résidence de forme irrégulière, qui servit probablement d'habitation aux archevêques. Haute de quatre étages sur rez-de-chaussée. Elle comprend une cave, une cheminée à manteau avec chapiteaux sculptés, supporté par deux pieds-droits, avec des consoles hexagonales engagées et dont il subsiste aujourd'hui une console et les deux chapiteaux.

Le château fut reconstruit au 13e siècle et adapté aux armes à feu au 14e siècle. Tombé en désuétude au début du 16e siècle, le château devient bien national à la Révolution. Le Département l'a racheté et consolidé en 1988.
Vers 1263, l'archevêché local décide le transfert des chanoines à Moutiers. Un conflit éclate entre le Comte de Savoie et l'archevêque au sujet des droits que tous deux ont sur le secteur de Cléry. Ainsi l'archevêché désireux d'asseoir son autorité sur cette espace territorial et se considérant comme menacé par les avancées comtales, prend la décision d'ériger le château de la Bâthie en basse Tarentaise autour duquel il réorganise entièrement une châtellenie et en profite également pour rattacher Cléry à cette nouvelle châtellenie archiépiscopale.
C'est une enceinte polygonale comprenant un donjon cylindrique construit en moellons et divisé en cinq niveaux planchéiés. Le dernier est le seul à être éclairé, les autres sont percés d'archères à niche. Dans un angle de la courtine, un peu en contrebas, se dresse une seconde tour de plan carrée divisée comme le donjon en cinq niveaux éclairés par des fenêtres rectangulaires. Différents logis appuyés aux remparts sont disposés autour de la cour.

Château de Chantemerle - La Bathie

Le château de Chantemerle est un symbole du pouvoir des archevêques-comtes de Tarentaise. Construit avec les dernières innovations défensives de l'époque, il contrôle l'ancienne route d'accès à la vallée de la Tarentaise et au col du Petit-Saint-Bernard. Ses vestiges nous donnent un très bon aperçu de ce qu'est au 13e siècle une forteresse médiévale.

L'entrée sur les terres de l'archevêque

Au début de la vallée, le château marque l'entrée sur les terres des archevêques-comtes de Tarentaise. C'est un marqueur de territoires en opposition au château de Conflans, aux mains du comte de Savoie

La bathie ou carré savoyard

Les bathies comprennent enceintes et tours rondes d'angles et sont construites selon un plan géométrique contrairement aux châteaux "organiques" qui se développent en fonction des besoins et du relief sans plans préétablis. Ce modèle de château se développe sur le territoire savoyard à la fin du 13e siècle et au 14e siècle par le travail de Jacques de Saint-Georges, un bâtisseur au service des comtes de Savoie. Il est même exporté au Pays de Galles par les Anglais. En effet, s'arrêtant en Savoie pendant son voyage de retour de Terre Sainte, Edouard Ier, roi d'Angleterre est impressionné par la qualité des fortifications construites par les comtes de Savoie.

Il fait venir en 1278 Jacques de Saint-Georges au Pays de Galles avec le soutien du comte de Savoie pour superviser l'édification de ses châteaux gallois destinés à marquer l'autorité du roi dans ces terres hostiles et contrôler la frontière avec les autres peuples de Galles.

Les tours rondes : une innovation défensive majeure

Le château est édifié au 13e siècle avec les techniques de construction défensive les plus modernes. Une première tour, ronde, est construite. C'est le comte de Savoie Pierre II qui importe cette innovation technique alors utilisée par les Anglais et les Français. Les tours circulaires corrigent les défauts des tours carrées. Elles sont plus faciles à défendre car elles n'offrent aucun angle mort aux défenseurs mais elles sont plus chères à réaliser.

Il est aujourd'hui possible d'observer des exemples similaires d'architectures savoyarde du 13e siècle en Savoie bien sûr, mais aussi dans les anciens territoires des comtes, en Valais et en Pays de Vaud (Suisse) mais aussi en vallée d'Aoste (Italie).

De la forteresse à la résidence

Le château remplit rapidement de multiples fonctions. Siège d'une châtellenie, un châtelain, nommé par les archevêques-comtes administre le territoire en leur nom. C'est également une puissante forteresse et l'une des résidences principales du pouvoir épiscopal. Le château fait l'objet pendant quelques années de travaux réguliers de renforcement du système de défense mais aussi de confort.


Une seconde tour, carrée cette fois, est ajoutée pour renforcer les défenses et aménager plus d'espace pour la vie de tout les jours. On construit des cheminées, on élève les constructions et on perce des fenêtres. La transition entre forteresse et résidence s'accentue visiblement au 14e siècle. Le château n'est jamais adapté à l'apparition de la poudre et son rôle défensif est progressivement abandonné.

Déclaré bien national en 1792, pendant l'occupation française, il est vendu et se dégrade très vite. en 1988 le château est acquis par le Département de la Savoie qui le fait rapidement consolider.

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