Oratoire d'Uchon, oratoire de granit du XVIe siècle

Un peu plus bas que l'église, à une centaine de mètres de celle-ci, l'oratoire présente un singulier aspect. Il est une sorte de guérite en pierres de taille ouverte d'un côté, et dont les parois latérales construites en encorbellement sont ornées de deux petites niches en accolades. On y accède par quatre marches disjointes, mais sa toiture en pinacle se compose de mœllons bien équarris et d'une conservation parfaite. La croix, déposée à l'intérieur, remplace une stèle à tablette circulaire d'un usage indéterminé, provenant sans doute du château. Le pinacle lui-même était probablement amorti par une croix monumentale, car de tout temps l'édicule porta le nom de Belle-Croix.

Son histoire est intéressante. Les seigneurs d'Uchon gardaient jalousement, paraît-il, dans leur chapelle, quelques ossements de saint Sébastien. Or, saint Sébastien, comme on le sait, détournait la peste. Ses statues s'étaient multipliées au XVe et au XVIe siècle dans nos églises de campagne, lorsque le fléau grandissant menaçait de devenir endémique. Autun fut, à maintes reprises, particulièrement éprouvé, et les habitants se rendirent plus d'une fois, au cours du XVIe et du XVIIe siècle, en pèlerinage aux reliques d'Uchon.



L'oratoire de Belle Croix est un petit édicule bâti en gros moellons de granit sur un socle rocheux proéminent. Entièrement ouvert, il était simplement destiné à abriter des intempéries l'autel où le prêtre célébrait la messe. Saint Sébastien, dont la fête est le 20 janvier, et Saint Roch, dont la fête est le 16 août, étaient autrefois les saints les plus invoqués contre la "peste". Au XVIe siècle, cette "peste" endémique dans nos campagnes causait une mortalité considérable. Presque tous les dix ans, à la suite de mauvaises récoltes et d'intempéries exceptionnelles, la misère s'aggravait et provoquait une recrudescence de la maladie. On implorait alors la miséricorde divine. Les deux sanctuaires d'Uchon, réputés détenir des reliques de Saint Roch et de Saint Sébastien, devinrent des centres de pèlerinages, mais comme ils étaient très exigus, on jugea préférable de célébrer la messe en plein air. C'est pourquoi, au XVIe siècle, on édifia entre les deux églises l'oratoire dit de "Belle Croix". Lors de la grande peste de 1628, le chapitre de la cathédrale d'Autun organisa une procession générale, qui se rendit à Uchon, le 22 mai 1628. On décompta 1359 pèlerins. D'autres pèlerinages étaient ainsi organisés depuis les villes voisines, notamment Montcenis et Arnay-le-Duc.

 

l'église médiévale et ses statues (les plus belles ayant toutefois été volées en 1973)

 

 

L'église d'Uchon se compose d'une nef rectangulaire romane, d'une large travée sous clocher et d'un choeur sans abside, voûté d'ogives, de style gothique flamboyant. La travée sous clocher s'ouvre sur la nef par une arcade en plein cintre et sur le chœur par un arc triomphal. La nef est plafonnée. Le maître-autel en pierre est décoré d'un retable à arcatures flamboyantes, que l'on a scié en deux pour laisser place, au centre, à un tabernacle en bois. A gauche de l'autel, on voit dans le mur du fond une niche à accolade, et un cul de lampe en pierre décoré d'un phylactère sur lequel on lit cette devise : "Endure et espère". L'autel latéral gauche, en pierre, est orné d'un retable gothique à quatre arcades flamboyantes, toutes différentes et garnies d'attributs divers : étoiles, blasons, soleil et lune... L'autel latéral droit, en pierre du XVIe siècle, est décoré d'un retable nu, encadré par une moulure. Sur le mur voisin, on voit la trace d'un œil de bœuf muré et une crédence ogivale en pierre sculptée.



La statuaire est remarquable :



- Vierge couronnée, portant l'Enfant Jésus, nu, sur son bras droit, bois polychrome, XVIe s. (ISMH),

- Sainte Barbe, bois polychrome, XVe s. (MH),

- Sainte Madeleine, bois polychrome, tenant un livre et un vase à parfum, XVIe s.

- Saint Christophe portant l'Enfant, bois, XVe s.,

- Notre Dame de Pitié, bois polychrome, XVIe s.,

- Notre Dame à l'Enfant, bois polychrome, fin XVIIIe s.

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