Châtillon-sur-Cluses

Lieu de passage principal entre la vallée du Giffre et la vallée de l'Arve, au croisement des routes allant en direction de Taninges, Bonneville, Samoëns, Arâches et Saint-Jeoire, c'est tout naturellement au col (altitude 741 m) que s'est développée la commune de Châtillon, autour de son château.
Village rural de 1 169 habitants, à cheval sur deux vallées (la vallée de l’Arve au sud, la Vallée du Giffre au nord), Châtillon sur Cluses doit son nom, comme tous les « Châtillon » de France, au château qui fut la résidence préférée des Sires du Faucigny. Un site remarquable, qui fait actuellement l’objet d’un vaste projet de rénovation et de mise en valeur.

Le château de Châtillon, seules quelques ruines demeurent de cette noble résidence.

Si aujourd’hui il ne reste que la base des deux tours noyées dans la végétation, l’Eglise et un pan de mur du majestueux château érigé au Xème siècle, le site fait l’objet d’un vaste projet de rénovation et d’une mise en valeur bien méritée !


Très tôt, ce fut la résidence préférée des sires du Faucigny. Le château fut témoin des fiançailles, en 1234, d’Agnès fille d’Aimon II, avec Pierre de Savoie, surnommé « Le petit Charlemagne ».
En 1241, Béatrix de Faucigny se fiance à Guignes, dauphin du Viennois.
C’est également dans le château qu’Aimon fait son testament en février 1234.
Agnès déclare en 1269, que son mari, Pierre de Savoie, a investi énormément pour fortifier le château.
Enfin en 1285, Gaston, vicomte de Béarn, second mari de Béatrix passe trois actes à Châtillon, son lieu de résidence.
Par la suite, le château fut de moins en moins la résidence des Faucigny. En 1308 il est la garantie de la dot du Comte de Savoie.
En 1335 Humbert en devient propriétaire, puis, dix ans plus tard il est entre les mains de Béatrice de Chalon d’Arlay jusqu’à la cession en 1406 à Amédée de Savoie.
A cette époque, le château était devenu un château-forteresse servant surtout de prison pour les criminels et les détenus politiques. En 1492, lors de l’insurrection des « Robes rouges », le château fut occupé par les insurgés.
On le dit brûlé en 1589 par les Bernois, bien que certains historiens signalent que ceux-ci n’auraient jamais atteint le col de Châtillon. Ils se seraient arrêtés au Martelet ou il y aurait eu l’église paroissiale et le cimetière. De toute manière, il devait y avoir une église, la chapelle étant réservée probablement au château.
Actuellement, les restes de ce château se résument à un haut pan de mur et une tour en ruine.
Après avoir vu la partie historique du château, intéressons-nous à la partie archéologique ;
Le domaine se compose de deux parties bien distinctes : une première enceinte entourant le plain-château où se trouvaient la chapelle, la cure et les granges ( dans cette première enceinte fut édifiée en 1780 la Mairie) puis la seconde partie était le château proprement dit, dont les murs se fondaient avec ceux de la première enceinte. Le chemin d’accès à l’ensemble était assez raide.
Au couchant, séparé par un fossé creusé dans le roc, il y avait un belvédère dominant toute la vallée de l’Arve, appelé « le Cuar », qui devait être un jardin sur une terrasse.
Le chemin d’accès débouchait sur deux cours successives ; l’habitation seigneuriale bordant la deuxième cour, dans laquelle on devait y trouver, au rez de chaussée : les cuisines, les caves ou celliers. Au-dessus, il devait y avoir une (peut être deux) chambres dont celle du seigneur, puis la grande salle ayant des cheminées adossées. Une chambre, au nord, s’appelait la chambre du frère Martin, l’aumônier du château.
Au-dessus des salles de cour, se trouvait une salle appelée la chambre ferrée puis la garde-robe. Il y avait également l’appartement de la Dame, ceux des étrangers et les chambres des écuyers. Mais la pièce la plus utile et la plus utilisée fut sans doute le Ratier.
Des travaux, souvent importants, se prolongèrent jusqu’en 1527.
Voici, écrit brièvement, la description de ce château de Châtillon, aucune archive n’étant en notre possession à ce jour.
L’importance de ce château ayant été signalée précédemment, nous y revenons pour dire ce qu’elle était réellement :
C’était en effet, le centre de la plus importante châtellerie du Faucigny.
Dans les textes, nous trouvons le mandement ou châtellenie de Châtillon, et, à dater de 1357 : mandement de Châtillon et Cluses. Soulignons au passage que la châtellenie de Châtillon était plus importante que le canton de Cluses au début du XX ème siècle.
Au XIIIème et XIVème siècle, elle comptait, en effet, treize paroisses, parmi lesquelles : Mieussy, Flétrier, Mégevette. L’abbaye d’Aulps y possédait de grandes étendues de près, vignes et bois.
Ainsi donc était notre château à l’époque glorieuse de Béatrix de Faucigny.
Il est bon de noter encore que la commune, essentiellement rurale, perdit progressivement l’importance qu’elle avait au temps des seigneurs de Faucigny. Elle connut l’émigration, puis vint la période d’implantation de petits ateliers d’horlogerie. En 1790, Châtillon comptait trente deux horlogers, spécialisés dans la fabrication de barillets de montre.
Nous avons beaucoup parlé du château, mais pas souvent de ses occupants.
En 1234, Agnès, fille d’Aimon II, baron du Faucigny, épousait Pierre de Savoie qui, en 1263, à la mort de son père Thomas, allait devenir comte titulaire de Savoie. Ses qualités politiques et militaires lui valurent le surnom de « Petit Charlemagne ».
Le 3 mai 1262, Agnès dicte ses dernières volontés en présence de hauts dignitaires ecclésiastiques et de Béatrix alors âgée de 28 ans. Agnès mourut le 11 août 1268, laissant à sa fille unique Béatrix, le patrimoine de ses ancêtres. Elle fut ensevelie, conformément à sa demande, dans la maison des Bénédictins de Contamine sur Arve.
L’histoire de Béatrix est si importante qu’il faudrait un volume pour l’écrire. Nous nous contenterons d’esquisser les grands traits de cette vie qui a compté dans l’histoire du Faucigny.
Formée à l’école de ses illustres parents, son éducation de reine, lui permit de faire front aux plus redoutables adversaires.
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Elle avait à peine 7 ans que Guignes VII, comte d’Albon et dauphin du Viennois la demandait en mariage ; Pierre de Savoie répondit favorablement à cette demande le 4 décembre 1241 et le même jour l’évêque de Genève, Aymon de Grandson, signait dans l’église de Châtillon un acte menaçant Guignes VII d’interdit s’il violait ses engagements. Il faut dire que la méfiance était nécessaire car celui-ci avait déjà, par le passé, ignoré ses promesses envers Cécile, fille de Baralle, comte des Baux, puis envers la fille du comte de Provence. Malgré son passé, il restera fidèle à Béatrix. Cette union fut définitivement scellée en 1261. De cette union naquirent trois enfants :
Jean, décédé accidentellement lors d’une chute de cheval en 1282.Ce fut pour Béatrix une épreuve qu’elle supportera très difficilement.
Anne qu’épousa en 1273 Humbert Ier, baron de la Tour du Pin et Coligny.
Catherine qui resta célibataire.
Après le mariage de Béatrix, les événements se succédèrent ; son père, Pierre de Savoie mourut le 16 mai 1268, après avoir testé en faveur de son frère Philippe.
Sa mère, Agnès, devait suivre Pierre de Savoie et décéda le 9 août de la même année, investissant Béatrix dans sa petite souveraineté. Celle-ci ne devait plus connaître de repos.
Dès le lendemain, Philippe, comte de Savoie, signait avec Béatrice, sœur d’Agnès, un traité d’alliance offensive ; leur but : revendiquer une portion de terre du Faucigny. Malgré l’intervention de Margueritte, épouse de Saint Louis, la guerre était déclarée, avec une certaine fureur. C’est durant cette époque que mourut Guignes VII ; il fut enseveli en 1270 au monastère des Moniales de Prémol.
Béatrix et son fils furent prisonniers de leurs ennemis et ne seront libérés que le 15 novembre 1269.
Le 13 février de l’année suivante, ils signèrent un compromis afin de mettre bas les armes.
Béatrix était soulagée et profita de cette trêve pour étendre son domaine et nouer des alliances.
Une donation à Philippe de Savoie, faite le 28 février 1271 lui permit de gagner sa faveur.
En mars de la même année, elle achetait une partie du mandement de Beaufort.
Le 13 août, une sentence la réconciliait avec Béatrice de Thoire-Villars qui recevait à cette occasion les châteaux d’Aubonne et d’Hermance. La fortune de Béatrix, la grande dauphine, restait, malgré tout, très importante : outre quelques terres en Genevois (héritage paternel) elle possédait la totalité du Faucigny, de la Dranse jusqu’à La Roche et de Versoix à Flumet . Elle possédait en outre de nombreux châteaux parmi lesquels : Allinges le vieux, Féterne, Chillon.
Veuve depuis 1268, Béatrix allait convoler en secondes noces, le 2 avril 1273 avec Gaston de Bangé, vicomte de Béarn, frère du puissant comte de Provence. Ce dernier n’était autre que le père d’Eléonore, épouse de Henri III (roi d’Angleterre), de Margueritte épouse de Saint-Louis ; de Béatrice épouse de Charles d’Anjou (roi de Sicile) ; de Scanchette, épouse de Richard de Cornouailles (roi d’Allemagne)
Tante de 4 reines, l’influence de la Grande Dauphine devenait ainsi très importante.
Huit ans plus tard, son fils Jean épouse Bonne, petite fille d’Amédée V de Savoie.
Cette union fut brève, car le prince se tua à cheval le 24 septembre 1282.Béatrix est folle de douleur. Son testament, rédigé à la hâte, confirmera en quelques mots celui de son père.
Un véritable désespoir s’empare alors de Béatrix ; prenant dans ses bras son petit-fils Jean (l’aîné d’Anne), dans un moment d’émotion intense, elle lui fait donation, sans réserve des terres laissées par ses parents. En le confiant à la sauvegarde du roi des Romains, elle supplie ce dernier de l’aider à recouvrer les biens dont elle n’a plus la possession
C’est à ce moment de sa vie qu’elle décida de fonder la chartreuse de Mélan qui servira de mausolée à son cher défunt et où elle même viendrait le rejoindre.
Le décès de son second mari le 26 avril 1290 ne modifia en aucune manière la situation du Faucigny. Béatrix était de plus en plus isolée.
La consécration de l’église de Mélan le 28 décembre 1290 fut l’occasion d’une grande fête pour Béatrix, hélas attristée par le transfert de la dépouille de son fils Jean.
Signalons quand même que les travaux de Mélan furent suivis de près par Béatrix retirée dans sa villa ; retirée, peut-être, mais très active dans la gestion de ses terres.
Seuls les derniers mois de sa vie se passèrent dans le silence, loin du tracas des affaires.
Comment se sont déroulés les derniers instants de sa vie ? Nous l’ignorons. Seule la date de sa mort est certaine : le 21 avril 1310, elle avait 76 ans.
Ainsi prenait fin la vie tellement remplie de cette femme d’exception.


Église Saint-Martin de Châtillon-sur-Cluses

L'église primitive fut construite au XIIe siècle, elle fut appelée la « chapelle de Béatrice de Faucigny, « La grande Dauphine »
Durant l'invasion bernoise, le château de la commune est détruit en 1589, sa chapelle castrale devient une église et sera agrandie en utilisant les pierres du bâtiment démoli.
À la fin du XXe siècle, l’état de l’église Saint-Martin se dégrade de plus en plus. En 2016, elle bénéficie d'une campagne de restauration globale importante, pendant laquelle des fresques datant des XIIe et XIVe siècles ont été découvertes

D’après les renseignements et la recherche de textes communaux « Peu de documents permettent de reconstituer avec certitudes l’histoire de l'église de Châtillon. Toutefois, il est certain que la chapelle du château en est l’origine." La bénédiction nuptiale de Pierre de Savoie, dit le petit Charlemagne avec Agnès de Faucigny, y fut célébrée en 1223… Les comptes de châtellenie d’Ameysin nous indiquent quelques travaux entre 1368 et 1371. Avec la disparition des Faucigny, vers 1400, le château cesse d’être une résidence et devient forteresse prison. La chapelle, jusque-là ‘domestique’, c'est-à-dire réservée aux occupants du château ne devait pas être utilisée par les habitants de Châtillon…
Lors d’une visite pastorale de 1413, l’église de Châtillon est citée comme une annexe de celle de Cluses, et qui le restera jusqu’en 1606…La description ainsi faite, laisse supposer que l’orientation de la chapelle est différente de celle de l’église actuelle.
Saint François de Sales fit une visite pastorale à Châtillon le « jeudi dixième d’Août 1606 » et le 11 Novembre de la même année, intervint pour signer de son nom avec le Rd Grangerat, curé du lieu, la séparation des églises de Châtillon et de Cluses. N’étant plus filiale de Cluses, la paroisse de Châtillon devenait autonome, et c’est précisément le Rd Grangerat qui fut le premier curé à tenir les registres d’état civil de la paroisse à partir de 1608… Ce dernier décède le 27 décembre 1646.
Au cours du XVIII siècle, des travaux fréquents tant à la cure qu’à l’église s’avèrent indispensables. En 1712, le Rd Douillon fait appel à un expert, Riondel, qui déclare que la cure présente un grand danger : les murailles sont fendues, la charpente et le plancher menacent de tomber. Il propose de la rebâtir à l’emplacement de la grange (dans le passage entre le cimetière et le château), car « l’endroit actuel est dangereux » … Pas de travaux jusqu’en 1720 : année de restauration du clocher pour tenir la grande cloche.
Au presbytère, des travaux deviennent urgents, la muraille, coté est, risque de tomber, le Rd Blanc fait faire un devis sans en parler à la municipalité qui n’apprécie guère, car le montant des travaux serait de 460 livres 90 sols. La même année, 1739, des travaux à la voûte de l’église, qui auraient dû être effectués en 1726 n’ont pas été faits et, présentement, la voûte menace de tomber en ruine…
En octobre 1755, le conseil informe l’intendant de l’état pitoyable du clocher qui risque d’endommager les cloches, le toit et la voûte et demande que les travaux soient effectués avant l’hiver…
Le Rd Bel fut confronté à de grosses réparations tant à la cure, qu’à l’église et au cimetière. En 1765, il fallait refaire la cheminée à la cure, car, étant fêlée, elle risquait de provoquer un incendie ainsi qu’à l’église, le plancher entre les deux est à refaire... Il semblerait que peu de travaux aient été exécutés car, au mois d’août 1766, un devis est fait par Renand de Bonneville.
Ce devis comprend :
1) De gros travaux à la cure (l’escalier d’entrée, la cuisine, la chambre, la cave et le toit).
2) A l’église il faut regotoyer le toit, la grande cloche pose des problèmes de sécurité, il faut « mettre des dames de fer ». Ce devis est estimé à 532 livres pour la cure et 96 livres pour l’église. Les réparations furent exécutées par une entreprise de Cluses, qui estimait que des travaux supplémentaires étaient nécessaires à la cure ; la réception eut lieu en juin 1767.
Il semblerait que les travaux prévus en 1767 aient été plus ou moins bien faits. En conséquence, en 1774, Renaud, architecte, effectue une nouvelle visite de la cure et de l’église et refait un devis des réparations urgentes et indispensables :
* A l’église : la voûte est fendue par suite de relâchement des murs, il faudrait la refaire « en bonnet de prêtre à l’italienne » ; pour la consolider il faudrait mettre 3 clefs de fer avec leurs clavons qui lieront tous les murs.





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